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Saviez-vous que la procrastination est le mal du 21e siècle ? Piers Steel, célèbre psychologue Canadien, a mené une étude durant près de 10 ans sur l’évolution de la procrastination aux États-Unis. En 1978, seulement 5 % de la population considérait qu’elle avait tendance à procrastiner. 40 ans plus tard, ce chiffre a grimpé puisqu’aujourd’hui, 30 % des personnes avouent être des procrastineurs. Dans cet article, nous allons évoquer ensemble la définition de la procrastination bien sûr, mais aussi les causes, les raisons qui vous poussent à remettre au lendemain, pour que vous puissiez enfin vous libérer et agir.

 

Définition de la Procrastination et Causes

C’est quoi la procrastination ?

Selon le Larousse, la procrastination est une « tendance pathologique à différer, à remettre l’action au lendemain. ». Ce comportement n’est pas limité à un domaine précis et peut s’appliquer au quotidien, dans la vie personnelle ou professionnelle.

Vous savez, cette facture qui trône sur votre bureau depuis des semaines et que vous tardez à payer. Ou encore ce coup de fil que vous devez passer à votre vieille tante pour prendre de ses nouvelles et que vous n’avez aucunement envie de faire. C’est ça la définition de la procrastination.

 

Les causes de la Procrastination

Le procrastineur, aussi reconnu sous le nom de « retardataire chronique », a donc du mal à se mettre au travail. La raison ? L’action en question ne lui apporte aucune satisfaction immédiate. Contrairement aux idées reçues, procrastiner ne signifie pas « ne rien faire », au contraire. Ainsi, le retardataire chronique peut être pris d’une véritable frénésie pour accomplir moult activités : jardiner, se lancer dans un ménage de printemps, aller faire les courses, ou encore se plonger dans un bouquin. Il est donc prêt à dépenser son énergie dans de nombreuses actions qui n’auront aucun lien avec la tâche qu’il est censé accomplir.

 

La gestion du temps : un autre aspect de la procrastination

Impossible de parler de procrastination sans mentionner la gestion du temps. Vous pensez avoir le temps, donc vous repoussez ce que vous devez faire. Dans l’un de mes derniers articles : « Gestion du temps : Quelles règles appliquer ? », je vous parle notamment de La loi de Murphy. Si cela ne vous parle pas, partez du principe que « toute chose prend plus de temps que ce qui était prévu ». On peut aussi se référer à La loi de Fraisse, qui dit que « 1 heure n’est pas toujours égal à 1 heure ». Ces 2 lois s’appliquent clairement ici et je vous conseille de lire cet article pour aller plus loin.

Dans son livre « Stop à la procrastination » Michael FERRARI explique que « les études ont montré que nous avons tendance à surestimer le temps libre que nous aurons dans le futur… Nous ne savons pas, ou très mal, évaluer nos possibilités futures en termes de temps et de moyens, et reportons au lendemain des tâches que nous n’aurons en réalité pas la capacité d’effectuer, et que nous reportons donc au surlendemain. Et ainsi de suite. ». Eh oui, comme nous ne savons pas correctement estimer le temps nécessaire à la réalisation d’une tâche et donc nous ne pouvons pas non plus estimer le temps libre que nous aurons, la tâche procrastinée à tendance à se repousser à l’infini.

 

Êtes-vous un procrastineur ?

La question importante à se poser, lorsque l’on aborde la procrastination, c’est de savoir si vous aussi vous perdez du temps à remettre systématiquement certaines choses au lendemain. Si c’est le cas, vous avez peut-être déjà lu des livres ou encore des articles de blog pour trouver des solutions à la procrastination. Et si je vous disais que procrastiner a de bons côtés ? J’imagine déjà votre tête à la lecture de ces mots, pourtant c’est la réalité et je vais vous expliquer pourquoi.

 

Procrastiner fait gagner du temps

Nous l’avons abordé au début de cet article, les rois de la procrastination ont tendance, non pas à ne rien faire, mais plutôt à réaliser n’importe quelle autre tâche à la place de celle qu’ils n’ont pas envie d’accomplir. Ils n’ont donc pas vraiment perdu leur temps, ils ont simplement décidé de le dédier à une activité annexe. Je parle bien sûr des choses qui font déjà partie de leurs obligations quotidiennes : lancer une machine, trier les factures, ou encore repasser. En revanche, si ces personnes-là choisissent de se mettre à peindre par exemple, effectivement, ce temps-là sera « perdu » (sauf si vous êtes un artiste peintre bien sûr).

La notion de gain ou de perte de temps est très relative, car en réalité elle dépend principalement de vos objectifs. Si par exemple, vous remettez systématiquement au lendemain des petites tâches qui ne font pas partie des choses importantes pour vous, on peut considérer que vous gagnez du temps. Je m’explique : imaginons que vous ayez une montagne de repassage à faire, mais que vous soyez aussi à 3 semaines de livrer votre plus belle réalisation professionnelle. Ainsi, en repoussant le moment de repasser, mathématiquement vous allez gagner 1 à 2 heures, de quoi finaliser votre projet de manière royale.

Pensez-vous vraiment que Léonard de Vinci ou Albert Einstein se souciaient des petites choses de la vie ? Personnellement j’ai du mal à l’imaginer, car ils disposaient tous du même temps que nous. Ce qui a changé, ce sont les petites choses auxquelles nous accordons de l’importance : aller chez le coiffeur une fois par mois pour maintenir une belle apparence, faire du sport, tenir une maison rangée, etc. Voici autant de raisons pour lesquelles vous perdez du temps et pas eux.

La procrastination : un moyen de se sentir mieux ?

Procrastination Utile VS Procrastination Inutile

Plusieurs visions s’opposent à ce sujet. Certains pensent qu’il existe une forme de procrastination utile, d’autres considèrent que toute forme de procrastination est inutile. Je ne vais pas rentrer dans ce débat, car à mon sens et comme évoqué plus haut, tout ça n’est qu’une histoire d’objectifs : pourquoi voulez-vous gagner du temps, pourquoi voulez-vous être plus productif ?

J’ajouterais que la procrastination est bien souvent liée aux autres. Professionnellement, si vous ne faites pas ce que votre chef vous a demandé et que vous choisissez de vous concentrer sur d’autres tâches que vous considérez plus importantes, celui-ci pourrait bien penser que vous êtes un procrastineur. Dans un sens, il a raison puisque vous n’avez pas fait le travail demandé et que vous avez choisi de le remettre au lendemain. Pourtant, de votre point de vue, vous avez atteint vos objectifs quotidiens et vous avez priorisé vos tâches.

 

La procrastination fait du bien

Ceux qui défendent la procrastination dite « utile » sont convaincus que la procrastination fait du bien. Par définition, la procrastination consiste bien souvent à vous faire du bien de manière immédiate en remplaçant une tâche inintéressante, ou qui ne vous apporte pas de satisfaction, par quelque chose d’autre. Ainsi, procrastiner va vous permettre de vous sentir mieux à un instant T.

Bien évidemment il y aura nécessairement un « retour de bâton », car toute tâche qui doit être accomplie, et surtout si elle est reportée, risque de provoquer une désorganisation et un stress. Intérieurement vous savez pertinemment que vous repoussez et qu’il va falloir vous y mettre. Anxiété et procrastination peuvent donc aussi aller de pair. Si choisissez par exemple de repousser votre déclaration d’impôts jusqu’au dernier jour, vous devrez vous y coller dans tous les cas. Autrement, vous risquez d’être sanctionné. Vous comprenez peut-être mieux la notion de priorité.

 

La procrastination fait partie de vous et c’est la science qui le dit

La puissance de la satisfaction immédiate

J’aimerais aborder un sujet qui me paraît particulièrement important et c’est la culpabilité. Procrastiner est normal et j’irais même plus loin : elle ancrée en nous. Vous cherchez une explication physique à votre manie de remettre les choses au lendemain ? La voici : les neurosciences (les études scientifiques du système nerveux) affirment que notre cerveau cherche systématiquement la satisfaction immédiate, le plaisir. J’en ai d’ailleurs parlé dans ma formation « Apprendre à dire Non », car c’est exactement le même principe. Nous avons tendance à dire « oui » pour faire plaisir et pour générer du plaisir immédiat, même si intérieurement nous pensons « non ».

Comme le dit le psychologue Pierre LE GARRERES : « La procrastination n’est au final, qu’une mauvaise estimation de la balance souffrance / plaisir ! C’est la croyance souvent inconsciente et presque toujours erronée, que vous risquez de souffrir en affrontant ce problème ». Eh oui, vous procrastinez parce que vous avez peur de souffrir. Il s’agit là d’une une peur inconsciente bien sûr, c’est votre cerveau qui a l’impression qu’il va souffrir (je précise que l’on parle ici d’une souffrance psychique et non physique).

 

Les fausses croyances sont souvent les causes de la procrastination

La peur est bien souvent ce qui empêche les gens d’assumer leurs actions et leurs réflexions. Voici 5 fausses croyances qui annihilent leurs pensées et donc leurs capacités à agir :

  1. La quête de la perfection : « Je dois être parfait(e) » ;
  2. L’importance de la force : « sois fort » (particulièrement ancrée chez les hommes) ;
  3. L’importance de ne pas perdre de temps : « dépêche-toi ! ». On pense qu’il faut agir rapidement ;
  4. Il faut faire plaisir aux autres avant de se satisfaire soi-même ;
  5. L’effort doit faire partie de l’équation « fais des efforts ! ».

SI vous avez déjà lu l’un de mes articles sur le stress, vous aurez peut-être reconnu les 5 piliers à l’origine du stress. C’est parce qu’ils ont peur d’être confronté à ces fausses croyances, que les gens choisissent de procrastiner. Il est en effet plus simple de fuir, que d’affronter le problème, même si en réalité, il n’y a probablement aucun véritable problème.

Dans son étude, Piers Steel a démontré que les choses que nous avons tendance à remettre au lendemain ont toute la même caractéristique et il précise ainsi « qu’on aura plus tendance à procrastiner une tâche lorsqu’elle sous-tend une faible autonomie, un faible sens et peu de feedback. La procrastination sera aussi très probable si la tâche nous frustre ou est ennuyeuse. ». Ces caractéristiques sont à l’opposé de celles qui sont nécessaires à l’engagement : l’autonomie, la maitrise et le sens que l’on donne à l’action qui doit être réalisée.

Lutter contre la procrastination : Les solutions

« 7 astuces pour arrêter de procrastiner », « 4 conseils pour éviter de procrastiner » ou encore « Comment arrêter de procrastiner sans vous forcer » : tout le monde y va de sa solution miracle. Je n’ai pas envie de faire la même chose, car en réalité, si vous avez un véritable problème de procrastination et que cela vous pourrit la vie, à mon sens, le meilleur moyen de changer les choses est de demander de l’aide. Ceci étant dit, je vais malgré tout vous donner quelques conseils avisés qui fonctionnent bien pour moi, en ce qui concerne la gestion du temps.

La prochaine fois que vous serez confronté à une envie irrépressible de remettre quelque chose à plus tard, commencez par vous poser la question suivante : Cette tâche fait-elle partie de mes intentions originelles (si vous ne savez pas ce qu’est une intention originelle, je vous conseille de lire cet article.

Si ce n’est pas le cas, poussez la réflexion : Devez-vous vraiment effectuer cette tâche maintenant ? Pour cela, je vous conseille d’utiliser la matrice d’Eisenhower, qui fait la distinction entre l’importance et l’urgence. Si c’est urgent et important, vous allez devoir vous y coller, si ce n’est pas le cas, vous aurez le plaisir de pouvoir repousser cette tâche, mais vous devrez impérativement la planifier.

 

Vous devez être vigilant aux pièges que votre cerveau risque d’essayer de vous jouer. Si possible, essayez de réaliser une première action qui va dans le sens de ce que vous avez à faire. Je m’explique : lorsque je dois rédiger un article, mais que je manque d’inspiration, je me laisse quelques jours pour faire des recherches. Inconsciemment, je prépare mon cerveau à entreprendre ce qui devra être fait, sans pour autant m’y atteler. Ainsi, au moment où je devrais me lancer dans la rédaction (qui aura été planifiée), impossible de me retrouver face à la fameuse angoisse de la page blanche.

Par ailleurs, j’essaye toujours d’identifier les fausses croyances qui pourraient m’empêcher de réaliser ce que j’ai à faire. Bien souvent, ce simple exercice me suffit pour passer à l’action.

Enfin, je me demande toujours quels seraient les impacts si je repoussais à plus tard, ce que je pourrais faire maintenant. Cela me coûtera-t-il du temps ? de l’argent ? du stress supplémentaire ? Là encore, me poser ouvertement cette question peut suffire à me pousser à agir immédiatement.

 

Nous arrivons à la fin de cet article. Je finirais par ajouter que dans la plupart des cas, la procrastination est l’un des facteurs majeurs en matière de « perte de temps ». Pourquoi ? Car il existe aujourd’hui ce que l’on appelle la « distraction technologique ». Je suis sûr que vous savez de quoi je parle.

Vous connaissez maintenant la définition de la procrastination, mais aussi les causes. Un dernier conseil pour réaliser une tâche ennuyeuse qui ne vous procure pas de satisfaction immédiate ? Appliquez l’astuce de la grenouille ! Essayez de réaliser en début de semaine ou de journée, tout ce qui vous ennuie. Vous pourrez ainsi vous mettre au travail plus facilement une fois que les tâches ennuyeuses auront été accomplies et vous avancerez avec plaisir vers celles qui vous apporteront du plaisir. Vous n’aurez donc plus de raison de procrastiner !

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